SCI-TECH : “ Souveraineté numérique ”, pourquoi il faut favoriser la liberté, la concurrence et l’innovation
Cette aspiration à la souveraineté numérique inspire souvent des propositions protectionnistes, des réglementations supplémentaires, et un interventionnisme économique qui a échoué par le passé, souligne Aymeric Belaud, chercheur associé à l’Institut de recherches économiques et fiscales (IREF). Tribune.
Par : AuteurAymeric Belaud | valeursactuelles.com | titre revu par: docjeanno.fr
La souveraineté numérique est un argument politique de protection. Derrière cette volonté se cachent des velléités protectionnistes et de l’interventionnisme politique.

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La souveraineté numérique est un argument politique de protection. Derrière cette volonté se cachent des velléités protectionnistes et de l’interventionnisme politique.
La souveraineté numérique est pour nos responsables politiques, français et européens, l’un des enjeux du futur dans ce domaine. Elle a donné lieu à de nombreux projets, qui tous trahissent d’une part la crainte d’une ingérence en Europe d’entreprises « trop puissantes », et d’autre part une peur politique envers l’usage des données. Cette aspiration à la souveraineté numérique inspire souvent des propositions protectionnistes, des réglementations supplémentaires, et un interventionnisme économique qui a échoué par le passé. Il semblerait plus judicieux de laisser faire le marché, de laisser se développer librement l’innovation, afin qu’un champion européen voie le jour.
La peur des responsables politiques français et européens est principalement liée à la question des données et de leur protection. Le problème, c’est qu’elles sont nécessaires pour assurer le bon fonctionnement des sociétés numériques, y compris par exemple des éditeurs de presse en ligne. S’attaquer à cela, c’est s’attaquer à la gratuité des services.
La dernière gabegie, Qwant...
Les précédentes tentatives pour créer des leaders numériques français et européens ont toutes échouées. Et ces échecs ont entraîné des pertes cumulées de plusieurs centaines de millions d’euros. Quaero, Cloudwatt, Numergy, sont des exemples passés de cet échec stratégique, car étatique. La dernière gabegie, Qwant, enregistre des pertes chiffrées à près de 20 millions d’euros pour l’exercice 2019. L’Etat s’acharne à vouloir garder cette entreprise, alors que sa part de marché dans les moteurs de recherche, en France, est évaluée à 0,55% ! Ce qui est ridicule. Bing se situant autour de 5% et Google à 91%. L’Etat et les ayatollahs de la souveraineté numérique font valoir l’argument de la protection des données pour maintenir cette entreprise en vie, alors qu’en réalité Qwant est dépendant du moteur de recherche Bing de Microsoft à 64% pour le web et à 100 % pour les images ! Tout cela financé avec les impôts des français. Et l’annonce de la création d’un cloud souverain par Bruno Le Maire laisse envisager un nouvel affront.
L’interventionnisme et le dirigisme étatique dans le secteur du numérique en Europe et en particulier en France ont accouché d’échecs. Non seulement à cause des pesanteurs et des régulations, mais aussi parce que l’Etat ne pousse pas à l’innovation. Pour lui, accéder à la souveraineté numérique, c’est s’appliquer à copier des outils déjà existants et très performants, en oubliant que les consommateurs et les clients décident in fine, en particulier sur Internet qui est un environnement plus ouvert et plus concurrentiel que jamais. Sans recherche, sans inventivité, sans audace, la France et l’Europe n’ont aucune chance de coiffer qui que ce soit au poteau. Pourquoi ne pas tirer les leçons de ces échecs répétés, libérer l’énergie des entrepreneurs et laisser faire le marché ?
La fin des barrières à l’entrée, la promotion de la concurrence, la suppression des obstacles réglementaires et fiscaux, l’ouverture des échanges : voilà comment favoriser le développement du secteur numérique et donc d’une souveraineté numérique au niveau européen…
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