Confinement : Noël aura-t-il lieu ? Ou quand les angoisses prophétiques de Bernanos deviennent réalité

Après Pâques, c’est au tour de Noël d’être menacé parce que si “la liberté de culte est très importante”, assure Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur “la vie est plus importante que tout, et la vie, c’est de lutter contre le coronavirus”. Une partie de l’Eglise de France déjà acquiesce, tétanisée face au pouvoir politique. Il y a plus de 70 ans, l’auteur du Journal d’un curé de campagne imaginait ce monde sans messe de minuit. Tribune.

Noël aura-t-il lieu ? Ou quand les angoisses prophétiques de Bernanos deviennent réalité

Par : valeursactuelles.com

C’est le grand Georges Bernanos qui posait cette question déroutante, dérangeante, même, dans un article donné à L’Intransigeant le 25 décembre 1947. Il imaginait les hommes s’interrogeant un matin du 26 décembre sur ce qui avait bien pu se passer la veille et constatant alors que le 25 décembre n’avait pas eu lieu.

Pourquoi donc cette étrange interrogation ? « Car on est en droit de se demander, écrivait-il, s’il y aurait encore longtemps des nuits de Noël, avec leurs anges et leurs bergers, pour ce monde féroce, si éloigné de l’enfance, si étranger à l’esprit d’enfance, avec son réalisme borné, son mépris du risque, sa haine de l’effort qui inspire la plupart de ses rêveries mécaniques […], haine de l’effort qui s’accorde beaucoup moins paradoxalement qu’on ne pense à son délire d’activité, à son agitation convulsive. Que viendra faire dans un monde tel que celui-ci un jour consacré depuis deux millénaires non seulement au plus auguste mystère de notre foi, mais à l’enfance éternelle qui à chaque génération fait déborder à travers nos cloaques son flot irrésistible d’enthousiasme et de pureté ? »

Cette interrogation cruelle et ces paroles fulgurantes résonnent particulièrement à nos oreilles en cette sinistre année 2020. Noël aura-t-il lieu ? Car il faut bien admettre que, déjà, Pâques n’a pas eu lieu ! On peut se dandiner, se tortiller comme on veut, expliquer que, si, Pâques était bien inscrit au calendrier cette année, que les chrétiens l’ont vécu différemment, que le confinement a « creusé leur désir » de se retrouver en communauté, comme le disent les catholiques bien-pensants, de nombreux prêtres en tête. « Imbéciles ! », se serait sans doute écrié le grand Bernanos. Et il aurait eu raison ! Car vous pouvez retourner le sujet dans tous les sens, vous pouvez élucubrer autant que vous voulez : les églises étaient vides, oui, vides le jour de Pâques.

Les chrétiens n’ont pas pu s’assembler pour fêter la Résurrection du Seigneur, ils n’ont pu se dire « Il est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! » sur les parvis, ils n’ont pu annoncer au monde la grande et bonne nouvelle : la Mort est vaincue ! Car, comme toute la population française, les chrétiens étaient cloîtrés chez eux, terrés même, à peu près comme les Apôtres déboussolés étaient enfermés au Cénacle quand ils ont reçu l’étonnante, la prodigieuse nouvelle des femmes revenant du Tombeau vide. Et tout cela, précisément, parce que notre monde, redevenu païen, était vaincu par la peur de la mort biologique, la seule qui semble aujourd’hui lui importer. Non, Pâques n’a pas eu lieu, son message s’est perdu dans les méandres d’une société technicienne naguère triomphante, mais aujourd’hui terrassée par un micro-organisme venu d’Asie.

Et voilà qu’on menace de recommencer avec Noël. Noël n’aura peut-être pas lieu non plus, nous risquons de nous réveiller, comme dans la fable de Bernanos, le 26 décembre en nous demandant ce qui a bien pu se passer la veille. Ne nous reviendront à l’esprit que les souvenirs d’un repas gras partagé en comité plus restreint que d’habitude, vaguement égayé par l’ouverture de cadeaux commandés à un géant du commerce sévissant sur le réseau planétaire. Et puis : rien d’autre, le vide absolu. Ces plaisirs purement matériels ne nous auront pas longtemps éloignés de l’atmosphère morose, sinistre, même, qui pèse sur nos épaules depuis des mois. Noël n’aura pas eu lieu, car les églises, encore une fois, auront été vides.

Les églises d’ordinaire brillant de mille feux, remplies d’enfants joyeux, attendant sans doute davantage les cadeaux du Père Noël que la venue de l’Enfant-Jésus : qu’importe, les enfants, malgré tout, s’émerveillant devant la crèche, souvent provençale, dans laquelle le prêtre vient déposer le Divin Nouveau-Né, emmailloté, au pied de Joseph le Juste et de la Vierge Marie, avec l’âne et le bœuf pour le réchauffer. Les enfants chantant, comme les anges dans nos campagnes, le « Gloria in excelsis Deo » de Noël, tressaillant de joie en accompagnant de leurs lèvres pures l’éternel « Il est né le Divin Enfant ! ».

Tout cela, il faut bien en avoir conscience, pourrait bien ne pas avoir lieu cette année. Pourquoi ? Parce que, selon le ministre de l’Intérieur de notre République laïque éclairée Gérald Darmanin : « La liberté de culte est très importante, […] mais la vie est plus importante que tout, et la vie, c’est de lutter contre le coronavirus. » On s’étonne toujours d’entendre nos dirigeants indiquer que « la vie est plus importante que tout » quand, dans le même temps, ils soutiennent l’allongement des délais légaux pour avorter et qu’ils poussent petit à petit leurs pions en vue d’autoriser l’euthanasie. Passons sur ces incohérences.

« La vie, c’est de lutter contre le coronavirus » : à son insu, le ministre de l’Intérieur a parfaitement résumé le mal qui nous ronge, cette obsession de la « vie nue », comme l’écrivait très justement dans un récent article la philosophe Chantal Delsol. Rien ne semble plus importer, dans la France de 2020, que de nous protéger, à grands renforts de masques et de gel hydro-alcoolique, de « protocoles sanitaires renforcés » et d’auto-autorisations de sortie kafkaïennes, de confinements partiels et de fermeture administrative de rayons de « produits non essentiels », de nous protéger, donc, d’un virus parfois présenté de telle manière qu’on pourrait croire au retour de la peste noire du XIVe siècle, et, partant, de nous protéger aussi de notre prochain réduit à son état biologique de transporteur potentiel du fléau viral.

Qu’on ne se méprenne pas : il ne s’agit pas de méconnaître la dangerosité du Covid-19 pour les personnes fragiles, âgées ou souffrant de certaines pathologies appelées comorbidités dans le jargon médical. Il est plus que légitime de vouloir les protéger et d’édicter un certain nombre de mesures visant à éviter la saturation des hôpitaux et, en particulier, des services de réanimation, à condition, cependant, de faire appel à la responsabilité de chacun, car, pour lutter contre l’épidémie comme pour tout le reste, l’État ne peut décider de tout, drapé dans sa majesté idolâtrique, en réduisant les citoyens à être de simples exécutants, de simples rouages de la Machine universelle.

Il ne s’agit pas de sous-estimer la gravité de cette épidémie par rapport à celles que nous subissons chaque hiver. Le monde, comme on dit dans l’Évangile, a tort, mille fois tort, de réduire la vie à sa seule dimension biologique, mais nous ne pouvons pas, à l’inverse, la spiritualiser au point d’ignorer la réalité présente et les souffrances de ceux qui peuplent aujourd’hui les salles de réanimation, de leurs familles, mais aussi des médecins, des infirmières et des aides-soignantes qui dépensent sans compter leur énergie pour tenter de les […]   LIRE L'ARTICLE COMPLET



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