Covid-19 : Faut-il s’inquiéter de la transmission du vison à l’homme d’une souche mutante du virus?

Le Danemark a annoncé l’abattage de 15 à 17 millions de visons après la découverte d’élevages contaminés par une version mutée du coronavirus

Covid-19 : Faut-il s’inquiéter de la transmission du vison à l’homme d’une souche mutante du virus?

Par : A.B. | 20minutes.fr

  1. Au Danemark, des visons d’élevage sont porteurs d’une version en mutation du coronavirus.
  2. Une version mutée du virus qui est transmissible à l’homme, puisqu’une douzaine de contaminations humaines ont été identifiées dans le royaume.
  3. Craignant que cette mutation n’affecte l’efficacité d’un futur vaccin anti-Covid, le Danemark a opté pour l’abattage de la totalité des élevages de visons du pays, soit 15 à 17 millions d’animaux.

Ils vont tous être abattus par précaution sanitaire. Le Danemark, premier exportateur mondial de peaux de visons, a suscité l’inquiétude mercredi en annonçant l’abattage massif de tous les visons du royaume – soit 15 à 17 millions de têtes – et la fermeture d’une partie du pays pour au moins quatre semaines. Une décision prise par Copenhague après que la présence d’une version mutée du SARS-CoV2 a été détectée dans plusieurs élevages de ce petit mammifère à fourrure. Cette mutation du coronavirus transmissible à l’homme, baptisée « cluster 5 », a déjà été détectée chez douze personnes, dont onze cas dans le Jutland, région où sont concentrés plusieurs élevages.

« Nous prenons les mesures nécessaires et appropriées » face à un développement « inquiétant », a déclaré vendredi le ministre des Affaires étrangères, Jeppe Kofod. Le royaume juge problématique cette mutation du coronavirus provenant des visons, estimant que cela pourrait menacer l’efficacité d’un futur vaccin humain.

Pourquoi le SARS-CoV2 mute-t-il, et est-ce dangereux ?

Dès le mois de janvier, 20 Minutes soulevait la question de la dangerosité d’un coronavirus en mutation. Si le SARS-CoV2 mute, cela en fait-il un virus plus agressif ? Pas nécessairement, nous indiquait alors l’Institut Pasteur. « Les coronavirus sont une famille de virus dont on sait qu’ils peuvent muter et évoluer rapidement, comme cela a été le cas pour le SRAS », nous expliquait Sylvie Behillil, responsable adjointe du Centre National de référence des virus des infections respiratoires (CNR) de l’Institut Pasteur. « Les mutations peuvent entraîner une variété d’effets différents. Cela peut augmenter la contagiosité du virus en le rendant plus facilement transmissible entre les hommes, ou le rendre plus virulent. Mais elle peut aussi avoir l’effet inverse et le rendre moins virulent », ajoutait la chercheuse, concédant qu’il restait encore tout à découvrir de ce virus émergent.

Car on savait déjà qu’il est normal qu’un virus mute. Quand il pénètre dans une cellule, il se réplique. Comprendre : il se copie lui-même pour se propager. A chaque réplication, des erreurs se produisent dans la copie de son génome, comme un « bug » informatique. Mais cette erreur peut avoir, ou non, une incidence plus ou moins importante sur la façon dont il se comporte. La mutation peut être « favorable » au virus (elle l’aide à mieux survivre), ou « défavorable » (elle l’affaiblit par exemple, ce qui est alors plus favorable pour nous). C’est ce qu’on appelle la sélection naturelle.

Les virus à ARN (matériel génétique proche de l’ADN), comme le SARS-CoV-2, mutent plus vite que les virus à ADN car leurs erreurs d’encodage sont plus fréquentes. Toutefois, les coronavirus mutent moins vite que d’autres virus à ARN. Jusqu’à présent, le SARS-Cov-2 mute par exemple deux fois moins vite que la grippe et quatre fois moins vite que le VIH, selon Emma Hodcroft, épidémiologiste moléculaire de l’Université de Bâle (Suisse), citée récemment dans la revue Nature. Les scientifiques considèrent même que le coronavirus est génétiquement relativement stable. Mais ce qui importe est de savoir si ces mutations ont des effets notables. Or pour l’instant, rien n’indique clairement que le virus ait muté de façon à modifier sensiblement ses effets sur l’être humain. Une chose est sûre : le SARS-CoV2 n’échappe pas à la règle et « mute tout le temps », expliquait en septembre Marie-Paule Kieny, virologue, directrice de recherche à l’Inserm, au cours d’une audition au Sénat.

La mutation observée chez les visons au Danemark représente-t-elle une menace sur l’efficacité d’un futur vaccin ?

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) indique suivre la situation de près et être en lien avec Copenhague. Et selon les explications des autorités danoises, le « Cluster 5 », dont la souche a été identifiée en début de semaine, ne se traduit pas par des effets plus graves chez l’homme. Cette mutation implique toutefois une moindre efficacité des anticorps humains, ce qui menace la mise au point d’un vaccin contre le Covid-19, objet d’une course contre la montre à travers le monde et de tous les espoirs pour endiguer la pandémie. Selon le ministre danois de la Santé, Magnus Heunicke, « les recherches ont montré que les mutations pouvaient affecter les actuels candidats pour un vaccin contre le Covid-19 ».

Dans le Jutland du Nord, les autorités sanitaires estiment qu’environ 5 % des malades pourraient être porteurs de cette souche, mais aucun cas récent n’a été signalé, rendant incertaine la preuve de la circulation effective du virus muté. Pour Viggo Andreasen, professeur d’épidémiologie à l’Université de Roskilde, cette mutation « a d’assez bonnes chances » de disparaître, à la condition d’être efficacement combattue. « Cela pourra prendre du temps », « un mois environ », estime-t-il.

Mais pour en savoir plus, des experts appellent le Danemark à diffuser davantage de données scientifiques pour mieux évaluer la mutation et ses conséquences.

Faut-il s’inquiéter d’un risque de contamination provenant des élevages français de visons ?

Si les Danois sont les premiers exportateurs mondiaux de vison, la France compte elle aussi des élevages. Elle a donc augmenté son niveau de vigilance. « Nous avons mis en place une surveillance dès l’été », après une alerte des autorités néerlandaises faisant état début juin d’une contamination de visons par le Covid-19, a indiqué le ministère de la Transition écologique, en charge des quatre élevages français. Une surveillance de la mortalité a été mise en place et « les mesures de biosécurité sont d’ores et déjà renforcées dans ces élevages », a-t-on ajouté de même source. « Et nous prendrons les mesures adaptées en fonction de l’évolution de la situation ».

Suivant les recommandations de l’Anses, des analyses PCR et sérologiques (pour détecter respectivement la présence du virus et d’anticorps) seront réalisées « sous forme d’étude scientifique » en novembre et décembre, période des abattages saisonniers des visons élevés pour leur fourrure, a précisé le ministère.

Au-delà du risque sanitaire lié à la potentielle transmission par les visons du Covid-19, les quatre élevages français sont depuis longtemps dénoncés par les défenseurs des animaux, qui réclament leur fermeture. Et ils ont obtenu gain de cause en septembre dernier : ils doivent fermer « sous cinq ans » en France, selon les annonces faites en septembre par la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili […]   LIRE L'ARTICLE COMPLET



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