Jean-Michel Aphatie sur la victoire de Joe Biden : “Marine Le Pen a mille fois raison...!”

Nous sommes trois semaines après le scrutin présidentiel aux États-Unis. Tous les journalistes accordent la victoire à Joe Biden… Tous ? Non ! Car un irréductible éditorialiste de LCI et de France 5, Jean-Michel Aphatie, continue de croire dans les chances de Donald Trump. Au point de célébrer la clairvoyance de Marine Le Pen.

Jean-Michel Aphatie sur la victoire de Joe Biden : “Marine Le Pen a mille fois raison”

Par : Samuel Gontier, telerama.fr

« Le président Donald Trump a une nouvelle fois éditorialisé sa journée via Twitter », annonce Laurent Delahousse au 20 heures de France 2, dimanche dernier. Je ne savais pas qu’on pouvait éditorialiser sa journée. Le présentateur relaie les tweets du président. « Avec d’abord ces mots : “Il a gagné parce que l’élection était truquée.” Mais le “il a gagné” a suscité tellement de réactions que le président américain a effacé ce message avant de diffuser celui-ci : “Élection truquée. On va gagner !” » À mon avis, c’est un coup de fil de Jean-Michel Aphatie qui a convaincu Donald Trump de se raviser et de continuer à nier sa défaite. Car celui qui éditorialise les journées de LCI n’en démord pas : l’actuel président conserve toutes ses chances de rempiler pour un second mandat.

Mercredi 11 novembre, David Pujadas lance le « parti pris » de l’éditorialiste. « Jean-Michel, votre parti pris politique : “Marine Le Pen, une prudence bienvenue.” Elle a été interrogée pour savoir qui était le nouveau président américain. » Jean-Michel Apathie précise : « Et elle dit “Je ne reconnais pas la victoire de Joe Biden.” De vous à moi, elle a bien raison. » De considérer que l’élection a été truquée ? La déclaration de la présidente du RN est diffusée : « Je fais partie de ceux qui ne félicitent pas le futur président des États-Unis parce que je ne considère pas que le match est joué tant qu’on n’a pas terminé les prolongations. » « Vous ne reconnaissez pas encore la victoire de M. Biden ? » vérifie un reporter. « Absolument pas. Le match n’est pas terminé. Lorsqu’il existe des recours, il faut que la justice puisse trancher. » Peu importe si la justice tranche régulièrement… en rejetant les recours de Trump.

« Elle a raison, pour vous ? » s’enquiert David Pujadas. « Oui, bien sûr, répond Jean-Michel Aphatie. C’est le bazar à Washington. Huit jours après l’élection, il y a encore des États qui n’ont pas donné leur résultat. » Tant pis si Joe Biden a largement dépassé les 270 électeurs dans les États qui ont donné leurs résultats. « Y a aucune autorité officielle en situation de le faire. » Forcément, puisque Joe Biden n’a pas encore été désigné par les grands électeurs, qui se réuniront le 14 décembre. Quelqu’un pour expliquer à Jean-Michel Aphatie que c’est une élection au suffrage universel indirect ? « Et celui qui est réputé avoir perdu pour la planète entière dit “j’ai gagné”. » Or on ne saurait soupçonner Trump de mensonge. « Quand on est à Paris, on dit : “Débrouillez-vous, les Américains ! Résolvez le problème.” On aura l’air fin si, par un chemin que nous ne connaissons pas, y a une seconde administration Trump. » Il semblerait que Marine Le Pen connaisse un chemin que nous ne connaissons pas. « Qu’est-ce qu’on dira ? On dira : “Oh ben décidément, ces Américains sont bien surprenants !” » Et Jean-Michel Aphatie est un visionnaire.

« Pourquoi on va plus vite que la musique ? s’indigne Jean-Michel Aphatie. Pourquoi Angela Merkel félicite-t-elle quelqu’un qui n’est pas déclaré officiellement vainqueur ? » Parce qu’elle se fiche de la démocratie. « Pourquoi Emmanuel Macron, qui engage la République française, félicite-t-il quelqu’un qui n’est pas déclaré vainqueur ? Marine Le Pen a raison ! » Il nous la faut comme présidente. « Elle a raison d’être prudente. Personne ne lui reprochera sa prudence. » Au contraire, sur LCI, on l’en félicite. « S’il y a une seconde administration Trump, elle dira : “Eh, les cocos, je vous l’avais dit !” Donc elle a raison. Elle a mille fois raison. » Comme Donald Trump, en fait. « Je sais pas pourquoi on s’emballe dans cette affaire. Les Américains sont dans un pâté absolu, c’est la plus grande démocratie du monde, on pourrait dire que c’est la plus grande démocratie bordélique du monde, et nous on s’engage, on dit “Bravo Biden !” Mais on est fou. » Mieux vaut écouter la voix de la raison, celle de Marine Le Pen.

« Ça s’appelle les partis pris, prévient David Pujadas. Et c’est fait pour nous surprendre et apprendre à penser contre nous-mêmes aussi parfois. » Jean-Michel Aphatie se récrie : « Moi, je pense avec moi-même. » Et avec Marine Le Pen. « La prise de position de Marine Le Pen n’est pas une prise de position pro-Trump. » Pas du tout. D’ailleurs, si tous les éditorialistes d’extrême droite, les Pascal Praud et consorts, ont dénoncé les « magouilles » du vote par correspondance et relayé les intox des trumpistes, ce n’est pas du tout parce qu’ils sont pro-Trump mais parce qu’ils sont attachés à la démocratie, comme Jean-Michel Apathie. « Vis-à-vis de Donald Trump, Marine Le Pen a toujours été embêtée. Elle a dit : “La victoire des démocrates, ce serait la pire des choses.” Mais elle n’a jamais dit, ni en 2017 ni aujourd’hui, que la victoire de Donald Trump serait la meilleure des choses. » En 2016 (et non 2017), elle avait seulement félicité le vainqueur et déclaré : « Clairement, la victoire de Donald Trump est une pierre supplémentaire dans l’émergence d’un nouveau monde. » À l’évidence, Marine Le Pen était très embêtée.

« Pourquoi c’est pas un modèle ? » s’autoquestionne Jean-Michel Aphatie, qui tente une distinction fumeuse entre « le souverainisme de Donald Trump » et celui de Marine Le Pen. Quant à leur commune désignation des immigrés comme boucs émissaires, elles ne sont pas comparables. « Si on parle des immigrés mexicains, le rapport entre les États-Unis et le Mexique est un rapport très particulier. Les États-Unis ont volé le tiers du Mexique au XIXe siècle, donc ils ont beaucoup d’Hispaniques sur leur terrain, donc la porosité de ces deux pays est très importante. Nous, nous avons un autre problème qui est lié à la colonisation et nous avons une différence de religion avec les pays que nous avons colonisés, ce n’est pas le cas aux États-Unis. » Nos immigrés viennent de Musulmanie, ce n’est pas le cas aux États-Unis – et c’est la source de nos problèmes. Conclusion : « Rien, dans l’expérience Trump, n’est reproductible en France. » Par exemple, il nous est impossible de construire un mur entre l’Afrique du Nord et notre pays pour la bonne raison que la Méditerranée ne s’y prête guère.

« Si Marine Le Pen ne fait pas de Trump un modèle, c’est aussi parce que lui-même ne peut pas être pris comme modèle. » C’est assez logique. Jean-Michel Aphatie pointe chez Trump « un discours antiscientifique… » Alors que les partisans de Marine Le Pen, eux, valorisent le savoir scientifique – de Didier Raoult. « … Un discours anti-intellectuel. » Alors que les partisans de Marine Le Pen, eux, valorisent les productions intellectuelles – d’Éric Zemmour. « Donc Marine Le Pen a raison sur toute la ligne. » D’extrême droite. « Elle a raison de dire “Vous allez trop vite sur l’élection de Donald Trump”. Et de dire que Trump ne sera jamais son modèle. » Sauf qu’elle ne l’a pas dit.

« Si Associated Press annonce Joe Biden président, proteste l’éditorialiste Abnousse Shalmani, c’est qu’il a 279 grands électeurs… » « Non ! », proteste Jean-Michel Aphatie. « Bah si ! Ça, c’est officiel… » « Non, Associated Press, ce sont des journalistes et jamais… » « Mais c’est la coutume, insiste Abnousse Shalmani. Trump, en 2016, c’est AP qui l’a déclaré président, et Hillary Clinton l’a appelé pour le féliciter. » Peu importe, Jean-Michel Aphatie maintient que « jamais les journalistes ne détermineront qui est président des États-Unis ». En effet, ce sont les grands électeurs, très majoritairement acquis à Joe Biden.

L’éditorialiste de LCI est aussi éditorialiste de France 5, chaque samedi dans C l’hebdo –saluons cette convergence entre le service public et le groupe Bouygues. Trois jours après sa diatribe lepéniste chez David Pujadas, alors que Joe Biden compte désormais 306 grands électeurs, il remet le couvert chez Ali Baddou, pour qui « la victoire de Joe Biden ne fait plus aucun doute. Et pourtant Donald Trump refuse envers et contre tout de reconnaître sa défaite ». Envers et contre tout ? Non, avec le soutien de […]   LIRE L'ARTICLE COMPLET



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