Les hommes de main d'Ankara à l'assaut de nos rues

Naguère discrets, les réseaux islamo-nationalistes du président turc pratiquent un prosélytisme de plus en plus débridé. Entre milices qui ne disent pas leur nom, maillage cultuel et partis politiques, panorama d'une ingérence.

Les hommes de main d'Ankara à l'assaut de nos rues

Par : Victor-Isaac Anne | valeursactuelles.com

Nous pourrions être à Ankara, mais c'est à Dijon, capitale de la Bourgogne, que la scène se déroule. Il est aux alentours de 20 heures, ce jeudi 29 octobre, lorsqu'une soixantaine d'individus, capuche sur la tête, s'engagent dans les rues du centre-ville. Comme dans un cortège de supporters de football, des fumigènes sont craqués, des drapeaux agités et des slogans lancés sur un ton martial. Mais ce soir-là, rue Jean-Jacques-Rousseau, l'heure n'est ni au chambrage ni aux algarades folkloriques qui font le sel de certaines rivalités.

Les griffes d'Ankara

Cette démonstration de force est en réalité l'œuvre de manifestants nationalistes turcs, désireux d'en remontrer aux « ennemis » du “néosultan” Erdoğan. Échaudée par le conflit dans la région du Haut-Karabagh entre l'Armé nie et l'Azerbaïdjan soutenu par la Turquie, enhardie par la campagne anti-France orchestrée par le maître d'Ankara, l'escouade hurle sa haine contre Emmanuel Macron et l'Arménie “terroriste”, le tout ponctué de la scansion rituelle « Allahou akbar ». Une formule insoutenable dans un pays où, le même jour, à Nice, en début de matinée, un terroriste islamiste ôtait la vie de trois fidèles catholiques, puis se ruait sur les policiers en criant ces deux mots.

Après quelques minutes d'agitation factieuse, les manifestants sont dispersés au niveau de la gare de Dijon sous les tirs de grenades lacrymogènes des forces de l'ordre. « Il s'agit d'une manifestation, rien de plus », s'est empressée de commenter la préfecture de la Côte-d'Or. Les événements de la veille donnent pourtant à penser le contraire. Mercredi 28 octobre au soir, quelque 250 personnes originaires de Turquie avaient également défilé dans le centre-ville de Décines-Charpieu, haut lieu français de la diaspora arménienne dans le Rhône. Là encore, les motivations du cortège pavoisé aux couleurs de la Turquie ne souffraient d'aucune ambiguïté. « On va tuer les Arméniens », « Allahou akbar », pouvait-on entendre notamment parmi les slogans.

La raison de ce défilé en forme d'expédition punitive ? Un blocage organisé le matin même au niveau du péage de Vienne (Isère) sur l'autoroute A7, en « soutien au peuple arménien du Haut-Karabagh ». Des affrontements avaient alors éclaté avec des automobilistes turcs, faisant quatre blessés dont un grave, avant de s'étendre vers le nord. D'abord dans le centre-ville de Vienne, où des véhicules de police ont essuyé des tirs de mortier par des membres de la communauté turque, puis à Décines-Charpieu dans la soirée.

Deux jours plus tard, dans la nuit du 31 octobre, des profanations ont été commises sur le mémorial du génocide arménien et sur les façades de la Maison de la culture arménienne de Décines-Charpieu. Celles-ci sont signées “Loup gris” à la peinture jaune et en lettres capitales. Parmi les autres inscriptions vandales, le sigle des initiales du président turc, Recep Tayyip Erdoğan, “RTE”.

À la manœuvre derrière ces exactions, le réseau islamo-nationaliste turc des Loups gris. Fondée en 1968, cette organisation paramilitaire liée à la formation néofasciste MHP (le Parti d'action nationaliste turc) au Parlement d'Ankara dispose d'importants relais dans la diaspora. Ces nervis se sont fait connaître du grand public au cœur de […]   LIRE L'ARTICLE COMPLET



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