Présidentielle : Emmanuel Macron face au mur de 2022
Avec la crise sanitaire du coronavirus et le confinement, la présidentielle 2022 semble plus loin que jamais pour Emmanuel Macron. Pas facile de préparer une campagne dans ces conditions et de tracer des perspectives d’avenir.
Par : ladepeche.fr
Autour de la rentrée de septembre, au gré d’une accalmie de l’épidémie, les proches du chef de l’État ont osé regarder l’avenir en face. 2022 semblait à nouveau proche et la jeune garde tirait des plans sur la comète : "Macron ne sera pas le candidat d’un parti et pour les législatives, il y a aura différents candidats qui se diront macronistes", assurait, à La Dépêche, un marcheur de la première heure.
Et un autre de s’inquiéter : "Macron est en voie de jospinisation, il a fait un bon quinquennat mais il risque de tomber sur le thème de l’insécurité"… Bref, la "popol", la politique politicienne, comme la nomment élus et journalistes, refaisait surface mais pour bien peu de temps.
Quelques semaines plus tard, avec le confinement, 2022 s’éloignait à nouveau. Pas facile de préparer une campagne dans ces conditions, de tracer des perspectives d’avenir. Aujourd’hui, les marcheurs estiment qu’il est urgent d’attendre pour relancer la machine.
Le quinquennat de Nicolas Sarkozy marqué par la crise financière de 2008
Tous les derniers présidents ont ainsi conclu leur mandat sur une année catastrophe. La fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy a été marquée par les soubresauts de la crise de 2008. L’ancien président avait pourtant promis de faire de 2011 une année de consolidation d’une sortie de crise à laquelle le gouvernement croyait. Mais les marchés financiers en ont décidé autrement en plaçant la Grèce surendettée au bord du dépôt de bilan avant de s’attaquer à l’Irlande, au Portugal, à l’Espagne, à l’Italie et, au-delà, à la zone euro toute entière.
De réunions avec la chancelière allemande Angela Merkel en sommets européens, Nicolas Sarkozy va batailler pour éviter une contagion de cette crise de la dette souveraine. Mais en décembre 2011, la France perd son triple A. Le chef de l’Etat doit alors réformer le bouclier fiscal contre lequel les critiques se sont multipliées. Il se sépare de sa ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, au cœur d’une polémique sur des vacances familiales en Tunisie au début de la "révolution de Jasmin", qui a abouti à la chute du président ben Ali.
Sur le front électoral, la droite enchaîne les échecs : aux régionales, aux cantonales, aux municipales puis au Sénat. Un 22 avril à l’envers se profile mais Nicolas Sarkozy réussit à creuser l’écart avec Marine Le Pen en multipliant les discours sur les dérives du capitalisme.
Le président s’en sortira-t-il mieux que ses deux prédécesseurs ?
Il propose un nouveau traité européen qui imposerait "plus de discipline, plus de solidarité, plus de responsabilités assumées devant les peuples." Entre les deux tours, il réussit à se rapprocher de François Hollande en suivant les préconisations de son conseiller Patrick Buisson, qui a une conviction : une élection ne se gagne pas au centre, elle "se gagne au peuple". Après les technocrates européens, il s’en prend aux immigrés, aux fraudeurs… Mais cela ne suffira pas. Patrick Buisson a coutume de dire qu’il lui a manqué un mois.
La dernière année du quinquennat de François Hollande n’a rien d’enviable. Après avoir atteint 50 % d’opinions positives en décembre 2015, au lendemain des attentats du 13 novembre, il plafonne à 4 % d’opinions positives en octobre 2016. Il paye au prix fort le débat autour de la déchéance de nationalité. La loi El Khomri ne vient qu’aggraver les choses.
Une partie de la gauche signe une pétition pour dénoncer : "C’est toute la construction des relations sociales de notre pays qui est mise à bas". Le quinquennat penche dangereusement à droite quand Emmanuel Macron quitte le gouvernement et fait acte de candidature. La sortie du livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, relatant un grand nombre de confidences du chef de l’État, met un point final aux ambitions du président, qui annonce, finalement, qu’il ne se représentera pas.
Malgré une dernière année qui s’annonce extrêmement compliquée, Emmanuel Macron s’en sortira-t-il mieux que ses deux prédécesseurs ? Depuis le confinement, il se trouve en meilleure situation dans les sondages mais ces chiffres, comme pour François Hollande, ne présagent de rien.
L’état dans lequel la France sortira de la crise du Covid, aussi bien d’un point de vue sanitaire qu’économique, sera déterminant. Mais surtout, sa réélection dépendra de la capacité du chef de l’État à mettre en musique un projet, un nouveau récit national. "Macron considère que 2022 se jouera sur le régalien et l’autorité", assurait récemment à La Dépêche l’un de ses proches.
La bataille contre Marine le Pen semble donc déjà engagée. "À choisir cette stratégie, on risque de voir la gauche s’abstenir en masse", complétait le même proche. Mais les vérités de 2020 ne passeront sans doute pas les fêtes […]
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans les commentaires sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à docjeanno.fr ®