RIP : L’ancien président Valéry Giscard d’Estaing est mort
Hospitalisé depuis la mi-novembre, l’ancien chef de l’Etat s’est éteint à l’âge de 94 ans, selon une information d'Europe 1.
Par : valeursactuelles.com
Un autre ancien président s'est éteint. Un peu plus d'un an après Jacques Chirac, l'ex-chef de l'Etat Valéry Giscard d'Estaing est mort à l'âge de 94 ans, selon les informations d'Europe 1. La nouvelle est tombée peu avant 23 heures mercredi 2 décembre, annoncée dans un premier temps par son entourage puis confirmée par le Palais de l’Elysée. Hospitalisé depuis la mi-novembre à Tours, VGE est mort des suites du Covid-19, a précisé sa famille. Il avait déjà été hospitalisé le 14 septembre dernier à l'hôpital Georges Pompidou, à Paris, pour « une légère infection aux poumons » puis placé en réanimation.
Toute sa vie politique aura été marquée par son passage à la tête de l’Etat. Défait le soir du 10 mai 1981 par François Mitterrand, Valéry Giscard d’Estaing gardera un sentiment amer toute sa vie, du moins jusqu’à son passage à la tête de la présidence de la Convention européenne. « Je pars à un moment où l’œuvre n’est pas achevée », regrettait-il après ce soir de mai.
Ce jeudi, le chef de l’Etat Emmanuel Macron salué « un homme politique de progrès et de liberté. Les orientations qu’il avait données à la France guident encore nos pas. Serviteur de l’Etat […] sa mort est un deuil pour la nation française », a précisé Emmanuel Macron. D’autres anciens présidents de la République ont tenu à lui rendre hommage, à l’image de Nicolas Sarkozy qui parle d’un homme « qui aura œuvré toute sa vie au renforcement des liens entre les nations européennes, cherché à moderniser la vie politique et consacré sa grande intelligence à l’analyse des problématiques internationales les plus complexes », a-t-il tweeté, parlant d’un homme « qui avait fait honneur à la France ».
De son côté, François Hollande a parlé d’un président qui avait « fait le choix de l’ouverture du monde », d’un homme « résolument européen » et mis « sa contribution au renforcement du couple franco-allemand ». Toute la classe politique a salué de manière unanime l’œuvre de VGE.
Spectre de la guerre
Né dans l’entre-deux guerres, Valéry Giscard d’Estaing a été « forgé » par la Seconde Guerre mondiale. A la sortie de la guerre, il s’engage alors dans la 1ère armée du général de Lattre de Tassigny et s’épanouit sous les drapeaux. Son ascension politique débute déjà à travers son parcours scolaire, de Polytechnique à l’ENA, où il sera dans une promotion toute destinée : « Europe ». Il a à peine une trentaine d’années lorsqu’il devient député du Puy-de-Dôme puis conseiller général. Il crée ensuite au milieu des années 1960 la Fédération nationale des républicains indépendants, et son ambition ne fait que grimper dans les années 1970.
Alors ministre des Finances sous Georges Pompidou, il décide de « partir à la conquête de l’Elysée » après la mort de ce dernier. En 1974, il est donc opposé à François Mitterrand qui n’a pas encore 50 ans et lâche en plein débat la phrase qui restera gravée : « Vous n’avez pas le monopole du cœur ». Il remportera l’élection la plus serrée de la Ve République avec 50,81% des voix et deviendra à l'âge de 48 ans le plus jeune président de la Ve République.
Des avancées et un bilan économique terne
Durant son septennat, comme le précise BFM TV, il donnera un tournant progressiste à sa politique en faisant passer l’âge de la majorité de 21 ans à 18 ans, en obtenant la dépénalisation de l’avortement avec Simone Veil, en allongeant le congé maternité, en augmentant le minimum vieillesse, ou encore en assouplissant la législation sur la contraception.
Mais sur le plan économique, les chocs pétroliers lui feront du mal et le chômage triplera durant son mandat. Un mandat qui sera marqué également par son opposition avec Jacques Chirac, qui quittera finalement son poste de Premier ministre en 1976 après six mois. Il devra faire face alors à la mort mystérieuse de Robert Boulin en 1979 et à l’affaire des « Diamants de Bokassa », révélée par le Canard enchaîné.
Devenu un « sage »
Candidat en 1981, il n’est plus plébiscité comme sept ans auparavant et est qualifié « d’homme du passé » par François Mitterrand qui l’emportera finalement. Son « au revoir » restera lui aussi gravé dans les mémoires. Réélu député au milieu des années 1980, puis président de la Convention sur l’avenir de l’Europe, c’est lui qui présentera le projet de Constitution européenne signée en 2004. Il sera enfin député entre 1989 et 1993.
En 2018, dans une biographie, VGE se confiait aussi sur son plus grand regret : le regroupement familial. A l'heure où l'idée de réunir les familles paraissait naturelle, une "idée en soi était juste et généreuse", selon lui, elle été « mal appliquée ». « J’ai eu le tort de ne pas plus surveiller l’application ; j’en ai donc la responsabilité […] Nous visions le noyau familial tel que nous le connaissons et nous avons vu arriver des noyaux familiaux totalement différents », disait-il.
Accusé « d’agression sexuelle » par une journaliste lors d’une interview en 2018, VGE n’aura eu de cesse de clamer son innocence dénonçant des attaques « grotesques ». Elu à l’Académie française, il sera inhumé « dans la plus stricte intimité familiale » a fait savoir son entourage, et ce « conformément à sa volonté » […]
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans les commentaires sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à docjeanno.fr ®